Quand la pensée positive devient une fuite, osons ressentir au lieu de résister
- Chantal Delanoe
- il y a 13 minutes
- 3 min de lecture
Il y a dans l’air du temps une petite musique séduisante, celle de la pensée positive.
On l’entend partout, parfois en fond discret, parfois à plein volume. Elle promet légèreté, résilience, énergie haute, bonheur accessible. Elle suggère que nos pensées créent notre réalité, qu’il suffit de changer de regard pour que le monde change avec nous et que si quelque chose ne va pas, c’est sans doute qu’on n’est pas assez positif.
Sur le papier, l’idée semble douce, même pleine de sagesse. Mais à force d’être répétée sans nuance, elle devient un masque. Et derrière ce masque, quelque chose d’essentiel se perd, la capacité d’habiter la réalité telle qu’elle est, y compris quand elle fait mal, y compris quand elle nous échappe.
J’observe, autour de moi comme en moi, cette tendance insidieuse à fuir ce qui dérange : tristesse, colère, impuissance, solitude, vide, comme si ressentir ces émotions était une erreur de parcours, comme si être lucide, c’était être "négatif", comme si souffrir, c’était échouer.
Alors on affiche un sourire, on se répète des mantras, on fait des listes de gratitude quand tout en soi appelle au silence, ou à la plainte, ou à l’effondrement. On se persuade que “tout est juste” et que “rien n’arrive par hasard”, peut-être... Mais parfois, ces phrases viennent trop tôt, avant même que la plaie ait été regardée, avant que le cœur ait pu dire "j’ai mal".
Je ne crois pas que la souffrance soit à glorifier. Je crois qu’elle est à écouter. Il y a dans la douleur une voix nue, sans stratégie, sans artifice. Elle nous relie à notre humanité profonde, à notre vulnérabilité, à notre besoin d’être entouré-e, reconnu-e, aimé-e non pas malgré mais avec ce que nous vivons.
Je vois aussi que cette injonction à la positivité permanente peut être une forme de contrôle, une manière de garder la main sur ce qui nous échappe, une tentative de faire du sens là où il n’y en a peut-être pas ou pas encore, une façon de maintenir l’ordre, de rester dans les cases du "développement personnel réussi", où tout doit être "expérience", "leçon", "opportunité de croissance".
Mais parfois, la vie ne se laisse pas mettre en équation, elle grince, elle tremble. Elle ne veut pas être réparée, elle veut être entendue.
Et puis, il y a une autre conséquence plus silencieuse : la solitude. Parce qu’à force de faire semblant d’aller bien, on n’ose plus dire quand ça ne va pas. On ne trouve plus les mots. On s’isole dans une bulle de perfection spirituelle, où la vulnérabilité devient une faute de goût.
Alors j’ai envie de proposer autre chose, une pensée, non pas "positive", mais intégrative. Une pensée qui ne choisit pas entre lumière et ombre, mais qui accueille les deux, une parole qui laisse la place à l’ambivalence, à l’inconfort, au silence, une présence qui ne cherche pas à résoudre, mais à accompagner.
Et je te pose cette question, à toi qui me lis :
Que se passerait-il si, au lieu de chercher à "aller mieux", tu t’autorisais simplement à être là tel-le que tu es, ici et maintenant, sans enjoliver, sans justifier, sans fuir ?
Peut-être que c’est là que commence la vraie transformation, pas dans la lutte pour rester "haut", mais dans l’accueil de tout ce qui descend.
Si ces mots résonnent en toi, si tu ressens l’élan d’explorer d’autres façons d’être au monde, plus vraies, plus nuancées, plus humaines, je t’invite à rejoindre le Cercle des Exploratrices Intérieures qui ouvrira ses portes le 15 septembre 2025. C'est un espace confidentiel, libre de performance, où l’on avance ensemble avec authenticité et discernement.
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