Pourquoi vouloir tuer l’ego et booster la confiance en soi… est absurde ?
- Chantal Delanoe
- il y a 1 jour
- 4 min de lecture

Il y a quelque chose qui me gêne profondément dans les discours que je vois passer un peu partout sur les réseaux autour de la confiance en soi. Cette idée, répétée à l’envi, qu’il faudrait la développer, l’augmenter, la renforcer comme une qualité qu’on pourrait acquérir par la volonté. Et tout autour, cette injonction à dissoudre l’Ego, à s’en débarrasser pour devenir une "meilleure version de soi", comme si l’Ego était une erreur de fabrication, un intrus à chasser pour être enfin spirituel, enfin libre.
Mais l’Ego fait partie de nous. Il n’est pas un défaut. C’est lui qui nous donne une forme, une couleur, une voix. C’est à travers lui que nous nous différencions, non pour dominer, mais pour exister dans notre unicité. C’est par lui que nous pouvons entrer en relation. Loin de nous enfermer, un Ego sain nous rend capables d’interagir, de poser des limites, de contribuer à quelque chose de plus grand.
Ce qui me frappe, c’est la manière dont certaines notions profondes issues du bouddhisme ou de l’hindouisme ont été reprises, trop souvent sorties de leur contexte, pour alimenter un développement personnel souvent déconnecté de la réalité humaine.

Le concept bouddhiste d’Anatta, cette idée qu’il n’y a pas de soi permanent, était à l’origine une voie de libération de la souffrance. Il ne s’agissait pas de renier son individualité, mais de ne plus s’y attacher. De même, dans les textes védiques, on distingue l’Ego (Ahamkāra) du Soi (Ātman), mais l’Ego n’est pas vu comme un ennemi à abattre. Il est un outil, une fonction de la conscience. Ce qui pose problème, ce n’est pas l’ego lui-même, c’est l’identification excessive à ses constructions.
Aujourd’hui, on assiste à un glissement. Des traditions qui invitaient à la connaissance de soi dans un cadre spirituel et collectif, on est passé à une culture de la performance individuelle.
La confiance en soi devient une compétence à acquérir pour "réussir", pour "attirer l’abondance", pour "manifester" une vie idéale. Si tu ne l’as pas, c’est que tu dois encore travailler sur toi (d'ailleurs je n'aime pas ce mot "travailler" prenant racine dans celui de tripallium signifiant torture en latin). Tu n’as pas assez médité, pas assez lâché prise, pas assez nettoyé tes blessures. Et si tu échoues, c’est de ta faute. Tu n’as pas cru en toi... Il n'y a rien de congruent !

Mais la confiance en soi ne se décrète pas. Elle ne se commande pas sur Amazon ni dans un programme à 1 997 euros. Elle se tisse. Elle s’apprend dans la relation. Elle grandit parfois quand on accepte de ne pas l’avoir, quand on avance malgré le doute ou la peur, quand on cesse de vouloir devenir quelqu’un d’autre et qu’on commence à s'accepter vraiment.
Moi aussi, j’ai longtemps cru que mon Ego me posait problème, que j’étais "trop" sensible, trop intense, trop différente ou "pas assez" suffisante ou performante pour être accepter et aimer. J’ai voulu me fondre, me conformer jusqu'à être exténuée, épuisée, incapable de me lever le matin. Au fil du temps, de mes thérapies, de mes rencontres, de ma pratique de l’Ayurvéda, j’ai compris que ce que je prenais pour des défauts n’étaient que des formes de moi qui attendaient d’être reconnues. Quand j’ai cessé de vouloir combattre mon Ego, j’ai commencé à revivre. J’ai compris que mon individualité, ce qui de moi mon unicité n’était pas un obstacle, mais un passage, que ma singularité avait quelque chose à offrir au monde.

Aujourd’hui, je ne veux plus choisir entre l’Ego et la conscience. Je crois qu’ils peuvent dialoguer. Je crois que nous avons besoin de revenir à une spiritualité incarnée, qui ne cherche pas à nous aplatir mais à nous déployer, une spiritualité qui honore le corps, la psyché, les histoires de chacun et de chacune.
Je n’ai pas de réponse toute faite. Je me pose encore des questions.
Est-ce qu’on ne se perd pas parfois à force de chercher à se dépasser ?
Est-ce que notre société, si avide d’exigences, n’a pas récupéré les traditions spirituelles pour mieux entretenir une autre forme de culpabilité ?
Est-ce qu’on peut vraiment parler de confiance en soi sans parler de confiance dans la vie, dans l’autre, dans quelque chose de plus vaste ?
Peut-être qu’au lieu de chercher à avoir plus confiance en soi, on pourrait commencer par écouter ce qui est déjà là. Peut-être que ce n’est pas notre Ego qu’il faut faire taire, mais notre jugement. Peut-être que notre unicité est exactement ce dont le monde a besoin et que l’Ego, au lieu d’être détruit, pourrait être... simplement accepter à sa juste valeur.
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Merci pour cette article Chantal , c'est très profond